Rencontre Alison Brown, Nashville, 2013
De passage à Nashville nous avons été chaleureusement accueilli par Alison Brown, qui a pris le temps de répondre à nos questions, dans son studio Compass Records.
(propos traduit en français pour le site)
e-Banjo : Comment trouvez-vous le temps de composer de nouveaux morceaux avec toutes vos activités?
Alison Brown : C’est très difficile ! Je ne sais même pas comment répondre à cette question. Je dois juste essayer de prendre le temps. Il m’est plus facile de composer quand je suis à la maison que sur les routes de tournées. Généralement si je suis chez moi le week-end, je me pose avec mon banjo, et j’essaie de trouver de nouvelles idées. Je profite également des balances son avant les concerts, en écoutant le son du banjo dans une nouvelle pièce, on est parfois inspiré.
e-Banjo : Il faut beaucoup d’énergie et de volonté pour atteindre un tel niveau de jeu et réussir à imposer son style comme vous l’avez brillamment fait. Où trouvez-vous toutes ces ressources ?
Alison Brown : Avant tout j’adore jouer du banjo, et quand je ne suis qu’à gérer mon business et produire des disques, je sens qu’une partie de moi est absente; Alors qu’en tournée, comme le weekend dernier où nous avons fait 3 représentations en Floride, je me sens bien. C’est un peu comme de la méditation pour moi, c’est très ressourçant de pouvoir juste jouer de la musique, sans se préoccuper du business. En fait c’est quelque chose dont je ne pourrais pas me passer. C’est une grande partie de ma vie, de qui je suis; je veux juste continuer à jouer de mon mieux, et je ne pourrais pas arrêter, cela me manquerait trop.
e-Banjo : Quels conseils donnez-vous à ceux qui souhaitent progresser ?
Alison Brown : Tout ce que l’on peut faire avec un banjo 5 cordes (lorsqu’on joue en picking à 3 doigts avec des onglets) repose sur la technique d’Earl Scruggs. Donc le plus importante est d’avoir un jeu de main droite très solide. Il faut écouter Earl Scruggs, JD Crowe, Jim Mills et tous ces banjoistes qui maîtrisent parfaitement ce style traditionnel de picking à 3 doigts. En fait le banjo est comme la caisse claire d’une batterie ou chaque cout subdivise le temps régulièrement, l’espace entre chaque note de banjo doit être identique. C’est ce qui fait que le banjo sonne bien. Des gens qui ne connaissent rien au bluegrass trouvent que cette musique sonne bien quand ils l’entendent, juste parce que le banjo est bien en place rythmiquement.
Et pour être capable de faire ça, il faut toujours avoir conscience de ce qu’on essaie de jouer et que ce soit toujours bien dans le temps. Il faut commencer par pratiquer très doucement pour bien sentir ce que l’on joue. En accélérant une technique mal maîtrisée on ne devient jamais bon. La technique de la main droite est vraiment essentielle. Ca peut paraître ennuyeux à travailler, mais c’est le plus important !Ensuite, comme je l’ai encore entendu lors de mon dernier workshop, on pense trop souvent qu’il faut entre 8 et 10 ans de pratique seul dans sa chambre avec son banjo pour être capable de jouer. Non je ne suis vraiment pas d’accord avec ça ! Au contraire il faut rapidement jouer avec d’autres musiciens. Parce que tout le plaisir de la musique est de pouvoir la partager avec d’autres. Il n’y a pas besoin de travailler des exercices pendant 8 ans avant de jouer du banjo avec quelqu’un. On peut très bien jouer des accords simples (G, C, D en début de manche) sans roulement et accompagner une chanson. Rester seul avec son métronome pendant des années, ce n’est pas motivant. Donc jouer avec d’autres personnes est mon autre conseil.
e-Banjo : Venez-vous en France de temps et temps ?
Alison Brown : Malheureusement je n’ai joué qu’une seule fois en France il y a 20 ans avec Michelle Shocked (au Divan du monde à Paris). C’est mon rêve de retourner jouer en France !
e-Banjo : Merci beaucoup pour votre accueil. La prochaine fois on espère se revoir à Paris alors !