Conseils de Tony Trischka (Workshop 2015)

Conseils de Tony Trischka (Workshop 2015)

Le célèbre banjoïste américain Tony Trischka a donné un workshop le 20 février 2015 à la MJC de Ris-Orangis, durant lequel il a abordé les points suivants :

Comment, à partir d’une mélodie simple, construire des variations plus élaborées ?

  • D’abord trouver toutes les notes du thème : Chanter les notes en même temps que l’on joue (il insiste sur ce point); le banjo doit jouer des syllabes et la mélodie doit être parfaitement reconnaissable. Pour illustrer ses propos, il joue 2 versions d’un même morceau :
    • l’une en enchaînant des licks très flashy sans pause; difficile de reconnaître la mélodie;
    • l’autre en détachant très clairement les notes de la mélodie, ce qui est beaucoup plus agréable à écouter. Pour l’anecdode il raconte que quand il a joué sur la 1er album d’Alison Krauss, celle-ci lui a demandait de revoir ses solos en faisant ressortir exactement la mélodie.
  • Rechercher la progression d’accords qui accompagne cette mélodie.
  • Incorporer cette mélodie dans des roulements, principalement des roulements avant (et éventuellement des roulements arrière lorsque la note de la mélodie est sur la 1ère corde par ex)
  • Laisser respirer la mélodie avec des « quarter notes » ou croches au lieu d’enchaîner que des « eight notes » ou double croches (une mesure est divisée en 4 croches, ou 8 double croches)
  • Ajouter des passages de gammes mélodiques (On peut décomposer les gammes mélodiques en mesures et incorporer ces mesures dans les solos)
  • Variation possible en utilisant un écart de sixte (la mélodie est joué sur la première corde avec le petit doigt et l’index joue l’harmonie sur la 3ème corde).
  • Faire une version du solo « Up the neck » (c’est à dire à partir de la 5ème case en remontant vers la peau) : même travail de recherche de la mélodie sur les cordes 1, 2 et 5. C’est ce que faisait Earl Scruggs. Certaines notes ressortent mieux en se déplaçant sur ces cordes plutôt que sur une zone fixe du manche.
  • Il insiste enfin sur le fait de bien distinguer les notes individuellement : On doit toutes les entendre distinctement; lorsqu’une note est jouée plusieurs fois au même endroit il faut relâcher la pression sur la corde. Il donne l’exemple du lick en Em de Sally Goodin : relâcher le majeur sur la 3ème corde (C’est ce que faisait Scruggs); ou encore la note du début de Devil’s dream 7ème case 2ème corde.

Est-ce que ce raisonnement s’applique sur des morceaux de type Breakdown ?

Quand il travaille un breakdown, Tony ne chante pas la mélodie dans sa tête mais travaille avec la « mémoire des muscles ». Il a fait ses roulements tellement de fois qu’il ne peut plus se tromper.

Comment pratiquer le banjo avec le métronome ?

  • S’entrainer avec le métronome est indispensable, à condition de le suivre réellement. Il montre comment certains de ses élèves croient utiliser correctement le métronome alors qu’ils ne le suivant pas du tout! 1- Il faut s’assurer de bien entendre le clic, 2- Il faut réduire le nombre de notes entre les clics pour ne jouer qu’une note par clic au début si besoin.
  • Alterner le nombre de notes jouées entre chaque clic : 1 note, 2 notes, 3 notes, 4 notes, 6 notes  (voire 5 notes mais c’est plus dur!).
  • Tony utilise toujours un métronome pour s’entraîner; et il raconte que Scruggs n’en utilisait pas car « il était lui-même un métronome ».
  • Jouer toutes les notes avec la même intensité = pas de note faiblarde.
  • Ex: Dans le fameux lick de la 3ème corde de 2ème à 4ème cas, les banjoïstes accentuent toujours la 3ème corde puis le majeur joue trop faiblement la première corde, donc le morceau drive mal. Tony joue les 2 versions, c’est flagrant.

Comment faire sonner un bon pull-off ?

  • La 2ème note doit être aussi forte que la première, il s’agit bien de tirer la corde et non pas de juste retirer le doigt comme on l’entend trop souvent chez les débutants.
  • Tony fait toujours ses pull-off en tirant la corde vers le bas (et jamais vers le haut)
  • Pour apprendre un pull-off commencer par ceux avec 2ème note sur corde à vide plutôt que sur une corde frettée (ex de progression : annulaire 2ème case 1ère corde, index 1ère case 2ème corde, majeur 2ème case 3ème corde,  majeur 2ème case 4ème corde)
  • Un bon exercice d’échauffement bon pour se muscler les doigts  : 1ère corde : pull-off de petit doigt 5ème case vers annulaire 4ème case, puis pull-off de annulaire 4ème case vers majeur 3ème case… Progresser sur toutes les cordes…. en s’accompagnant du métronome : Il joue la première note sur le clic sur métronome puis la 2ème entre les clics.

Quels exercices pour s’entraîner ?

On peut alterner les exercices où on sait vraiment les notes que l’on veut jouer (cf. plus haut rechercher les notes de la mélodie) avec des exercices où l’on ne sait pas à l’avance ce que l’on va jouer ni comment ça va sonner :

  • Placer ses doigts dans une nouvelle position jamais essayée auparavant, la jouer en roulant puis déplacer un doigt d’une case, puis un autre… on tourne autour de cette même position jusqu’à trouver des combinaisons qui sonnent bien.
  • Composer un nouveau morceau en moins d’une minute : Dans cet exercice pas le temps de réfléchir à ce qu’on va jouer, il faut se lancer directement. C’est un exercice que pratiquait Bill Monroe.
  • Un exercice de groupe « à boire » de Jens Grugger  : on annonce un nombre de notes à jouer puis au top tout le monde joue ce nombre de notes (n’importent lesquelles mais dans le timing) et celui qui perd (ex fait une note de trop) doit boire un coup. On a fait l’exercice avec 1, 3, 5, 7, 9, puis 11 notes. Puis la même chose avec 2, 4, 6, 8, 10 et 12 notes [[intérêt de cet exercice ??!]]

Et Béla Fleck, quels étaient ses secrets pour devenir si doué si rapidement ?

« Donnez-moi d’abord les dollars et vous aurez la réponse » 😉
Tony Trisckha a été le professeur de Béla Fleck à se débuts. Béla connaissait déjà des standards de bluegrass et des fiddle tunes en allant voir Trischka.
Il lui a demandé de lui apprendre un des morceaux de son premier album (Bluegrass Lights). Tony l’a jouait devant lui, Béla l’a enregistré sur cassette; puis une semaine après il est revenu en jouant le morceau sur le bout des doigts et plus…. C’est un génie, fou furieux du travail, qui avait ce besoin de réussir en lui. Voilà on n’en sera pas plus.

Jouer avec d’autres

Tony a conclu ce workshop en rappelant l’essentiel de la musique est de : « Jouer avec les autres »

A la suite de workshop Tony a donné un concert.

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